1.Quand une bière artisanale prend l'ascenseur.
à 49 ans, Roger Barbiot s'apprête à faire le grand saut, il abandonne progressivement les cultures maraîchères pour se lancer dans la bière! Comment en est-il arrivé là? Par amour du précipité de houblon bien entendu. Mais aussi et surtout par la force des choses.
Les quelques deux hectares de terres qu'il travaille essentiellement sur Ville-sur-Haine, Naast, Gottignies et Havré lui rapportent de moins en moins. Il y a cultivé essentiellement le chicon, la pomme de terre et le poireau, mais aujourd'hui la rentabilité ne suit plus.
"On est passé maintenant à une consommation de luxe", explique-t-il.
"Les gens veulent des pommes de terres lavées et ils achètent en très petites quantités alors qu'avant on se groupait entre voisins pour faire ses provisions. Dans les jeunes ménages, c'est du chacun pour soi et il n'est même pas rare de voir la femme acheter un ou deux chicons, deux ou trois carottes".
Voilà pourtant 17 ans que Roger Barbiot vit de ses légumes. Ils lui ont permis d'élever cinq enfants, Virginie, Stéphanie, Laeticia, Myriam et Jonathan. Ils l'ont aidé à écouler sa marchandise en faisant du porte à porte dans toute la région et jusque Bray et Havré. Il a arrêté il y a trois ou quatre ans et ne vend plus que chez lui, en direct.
"On n'a jamais eu faim", lance son épouse Marie-Line Degraeve, mais je peux vous certifier que ça a demandé du boulot.
Car Roger cultive encore à l'ancienne, notamment les chicons.
"Les miens ne sont pas poussés à l'eau, mais quand on compte tout, on ne s'en sort plus. Je les ai pourtant travaillés sur deux hectares et demi à une certaine époque".
Originaire de Thieu et de parents fermiers, il s'était lancé dans le légume après être "tombé au chômage" comme il dit.
La bière, de même d'ailleurs que les vins de fruit, il a commencé à y toucher il y a huit ou neuf ans.
"J'ai fait des essais dans des casseroles. Pas bien réussis au début parce que je n'avais aucune formation. Et puis je me suis documenté, j'ai été visiter des brasseries et j'ai même planté mon propre houblon à Gottignies car je tiens à n'utiliser que des produits naturels comme je le fais encore dans mes cultures".
Son malt vient de Beloeil et il s'équipe progressivement. De manière artisanale en bricolant beaucoup. Un peu à l'images d'Alain Broodcorens dont nous vous avons précédemment présenté la brasserie à Erquelinnes.
Il a d'ailleurs eu des contacts avec lui. Par contre il n'a pas encore eu l'occasion de visiter la Brasserie Saint-Feuillien, pourtant la plus proche de chez lui.
Aujourd'hui, il est prêt à se lancer. Par brassins de 250 à 300 litres. Les services d'Hygiène sont déjà passés inspecter son installation. Il attend impatiemment les accises tout en aménageant deux anciens garages qui deviendront bientôt un salon de dégustation.
Ses étiquettes sont en préparation elles seront dessinées par l'artiste Freddy Poliart et représenteront l'ascenseur de Strépy-Thieu.
puisque ce sera le nom de sa bière.
brassées avec amour
Roger Barbiot espère avoir débuté sa production pour le mi-juin et la foire de Gottignies. Il est vrai qu'il n'est pas seul,
Handy son petit-fils de ... 4 ans, met déjà la main à la pâte à ses côtés de temps en temps. Il proposera alors deux types de bière, une blonde et une ambrée, en grandes bouteilles de 75 cl. Il travaillera aussi sur une bière de mûres à la saison. Il s'agira d'une bière pure malt de fermentation, refermentées en bouteilles. "Et brassées avec amour", ajoute-t-il sur une étiquette qui annonce fièrement "Bière des Ascenseurs".
Il compte sur les foires artisanales pour se faire connaître.
Vous y verrez apparaître aussi ses vins de fruit. Et il a déjà tâté un peu de tout à ce niveau: rhubarbe, pommes, pêches, coings, raisins, cerises, prunes, groseilles blanches, mûres.
"J'ai travaillé à ce niveau au départ de vieilles recettes trouvées dans des livres avec macération dans le sucre mais sans ajout de levure". pour sa bière, il a même recherché du malt bio. "Ma volonté est de rester le plus naturel possible. C'est une garantie que je veux apporter à mes clients". D'ailleurs, sur ses terres, il remplace progressivement ses légumes par des arbres fruitiers dans le même soucis de qualité.
2.la brasserie Barbiot qui a la force des ascenseurs.
Malgré son nom, cette jeune et modeste brasserie artisanale ne fait référence qu'à la proximité des ascenseurs de Thieu, passés aujourd'hui dans le patrimoine de notre archéologie industrielle et intégrés dans nos programmes touristiques. Il évoque un devoir de mémoire et la volonté de survivre au déclin conjoncturel.
Dans la province de Hainaut , le centre ne manque pas de brasseries artisanales de qualité. Mais il y a de place pour tous ceux qui veulent comme jadis brasser dans un espace lié à u terroir ou à un site particulier pourvu qu'il ne s'agisse pas d'une simple question d'étiquette. Les micro-brasseries reprennent force et vigueur: elles sont comme les restaurateurs, liées à une réputation, leurs particularités et à leur ancrage régional.
Roger Barbiot, aidé et appuyé par son épouse Marie-Line, s'est lancé dans l'aventure brassicole, avec l'étiquette représentant l'ascenseur de Thieu. C'est la corde sensible pour tous ceux qui restent attachés à la présence du canal; c'est aussi un symbole attractif pour tous ceux qui viennent visiter ces sites particuliers dont la technologie d'une époque honore le savoir-faire industriel wallon.
Il n'est pas encore bien loin: son homologation officielle date de décembre 2004, après deux ans de tractations dont il n'explique toujours pas le motif. Mais l'essentiel est fait: après bien des essais sa recette est au point. Il vend déjà sa bière à des particuliers et brasse une blonde et une ambrée à raison de 700 l par mois.
Un parcours paysan
dans la famille de Roger Barbiot, tout le monde était agriculteur dans la région de Gottignies et de Thieu, quitte à cumuler avec un autre métier. La ferme parentale se trouvait à l'emplacement du pont de l'autoroute au lieu-dit La Brûlotte.
Un jour, réduit au chômage Roger a pris un statut d'indépendant pour exploiter quelques hectares en maraîchage. IL a cultivé principalement la pomme de terre, le poireaux et le chicon de terre pendant une quinzaine d'années en élevant ses cinq enfants. "On n'a jamais eu faim on n'a jamais rien demandé à personne mais on a beaucoup travaillé" nous a confié Marie-Line.
Aujourd'hui Roger ne vend plus ses légumes qu'en direct chez lui. Il ne peut plus s'insérer dans un circuit commercial rentable.
Contact: 27,rue du coron, 7070 Ville-sur-Haine, 065/87.37.23. GSM: 0476/80.87.36.
Nouveau projet: la bière artisanale.
cela fait longtemps qu'il rêvait à la production d'une bière. Roger Barbiot :"mon souhait est de rester le plus naturel possible".
En fait Roger Barbiot a tâté de beaucoup de projets dont la réalisation de vins de fruits. Mais l'essentiel pour lui était la conception d'une bière artisanales qui soit la plus naturelle posible.
Il a fallu bien des essais pour arriver à créer un brassin satisfaisant comportant ses propres particularités. Le processus se base sur la refermentation en bouteilles.
Les essais furent laborieux compte tenu du fait que Roger n'avait aucune formation particuliére en ce domaine: "je me suis documenté j'ai visité des brasseries et j'ai même planté mon houblon à Gottignies, car je tiens à n'utiliser que des produits naturels comme je le fais encore dans mes cultures maraîchères".
Il s'est équipé progressivement en bricolant beaucoup. On peut espérer pour l'été et la saison touristique la création d'un salon de dégustation pour sa blonde (7,5°) et son ambrée (8,5°) "qui ont la force des ascenseurs". Il compte beaucoup sur les foires et marchés artisanaux pour se faire connaître du public.
Au cours de notre agréable conversation nous avons pu relever un contour de travail de Roger: il n'est pas question pour lui de s'intégrer dans un système; il veut rester libre et seul, sans personnel et sans subsides.
3.Petite brasserie, grandes bières.
Année de la bière, 2005 sera celle de tous les défis pour la Brasserie (artisanale) Barbiot...
La petite entreprise familiale établie à Ville-sur-Haine (entité du Roeulx), elle vient de sortir deux cuvées spéciales: la Barbiot blonde (7°) et la Barbiot ambrée (8,5°). Roger, 51 ans est un cultivateur aux airs bien sympathiques. Spécialisé dans la culture des fruits et légumes, il a viré sa cultivation petit à petit en produisant, pour sa consommation personnelle, une kyrielle de vins de fruits. Du vin à la bière, il n'y a qu'un pas que Roger Barbiot n'a pas tardé à franchir.
Histoire d'une bière.
La merveilleuses histoire des époux Barbiot a débuté voici 7 ou 8 ans avec les premiers tests de bières. "J'ai consacré un temps considérable à la recherche de la bonne recette de bière celle qui me plaisait réellement. J'ai continué jusqu'au jour où le résultat m'a plu. A l'époque, je travaillais avec une grande casserole en cuivre puis, de fil en aiguille, j'ai acquis du matériel après avoir vendu une partie de mes machines agricoles et notamment une ancienne cuve à lait transformée pour les brassins", explique Roger. "J'ai quand même gardé du matériel pour cultiver le houblon nécessaire à la réalisation de mes bières car tous les ingrédients qui entrent dans la composition de mes bières, sont naturels et cultivés par mes soins à Gottignies. Il n'y a vraiment que le malt que j'achète en dehors de la région du Centre".
Le plus grands casse-tête de Roger fut, après avoir trouvé les bons dosages, la créations d'une bonne mousse . "Au début, il n'y en avait pas assez, puis, il y en a eu de trop. Ce n'était pas évident du tout mais aujourd'hui, tout est réglé: j'ai une belle mousse".
La recette miracle enfin mise à nu,il ne restait plus au brasseur qu'à rentrer le dossier aux "accises" en vue de la commercialisation. Mais ce ne fut pas simple du tout.
La croix et la bannière.
"Cela a été un véritable parcours du combattant car nous avons introduit la demade en septembre 2001. Nous l'avons eue qu'en décembre de l'année passée. pendant, trois ans, j'ai investi de mon temps et de mon argent quasiment à fonds perdus puisque je n'avais pas la licence nécessaire à la vente. heureusement, je suis d'un naturel têtu sans quoi, mes bières n'auraient jamais été commercialisées".
pour le moment, les "Barbiot" sont vendues en bouteille de 75cl. Et en quelques mois à peine, il faut bien avouer qu'elles ont leur petit succès dans la région même si certains clients, fidélisés par la saveur des breuvages, souhaiteraient un passage au format 33cl (c'est à l'étude pour le moment).
Dégustations en vue!
En attendant d'une autre bière, Roger et Marie-Line ont décidé de se faire conaître par tous les moyens et le meilleurs sera la mise sur pieds d'une journée "portes ouvertes". "Elle se déroulera le dimanche 1er mai de 10 à 22eures. Le public sera invité à découvrir nos installations et ceux qui le souhaitent pourront déguster nos produits. Pour le reste, la formule, comme c'est notre première journée portes ouvertes, nous réfléchirons d'ici le 1er mai".
En cuisine:
Un p'tit poulet à la Barbiot blonde?
Marie-Line aime préparer de bons petits plats. Elle a bien voulu nous révéler la recette de son poulet à la "Barbiot".
"Vous faites revenir vos blancs de poulet dans le beurre, quand ils sont bien blonds, vous les retirez afin d'y introduire des champignons et des tomates fraîches (en boîte si ce n'est pas la saison)". Vous faites revenir le tout et réintroduisez les blancs. "Vous devez ensuite recouvrir le tout avec de la Barbiot, moi je prends la blonde". Vous laissez mijoter pendant quelques minutes, le temps que les aliments prennent la saveur de la houblonnée et vous servez.
Vous pouvez aussi cuire chicons et boulettes maison dans la bière. Les convives de Marie-Line vous le certifieront, ça sent bon et surtout, ça l'est!
A table!
4.La Barbiot à l'ancienne.
Roger Barbiot a lancé sa microbrasserie à Ville-sur-Haine.
Il y fabrique La Barbiot, une bière "qui ne ressemble à aucune autre".
Spécialisé dans la culture des légumes pendant de longues années, Roger Barbiot, 52 ans, s'est passionné pour la fabrication de vins de fruits et de bières artisanales. Après avoir "chipoté" pendant prés de huit ans, il a créé une microbrasserie ... dans son garage de la rue du Coron. "J'ai tout appris sur le tas en me renseignant, en discutant avec d'autres mais également en adaptant des recettes pour arriver au résultat que j'attendais, à savoir une bière qui ne ressemble à aucune autre!"
Les premières lignes de cette aventure, Roger Barbiot les a écrites dans sa cuisine familiale où il réalisait ses brassins dans une simple casserole. "Depuis lors, j'ai adapté une cuve à lait pour qu'il puisse chauffer plutôt que refroidir! Finalement, c'est comme une grande casserole!", explique l'artisan en dévoilant son installation. Sa recette de base est simple: de l'eau du malt d'orge et de la levure. A l'ancienne, sans aucun additif ! " je cultive le houblon moi-même à Gottignies avant de préparer les fleurs et les faire sécher dans notre grenier, sur des sommiers de lits ! ", ajoute-t-il fièrement. "Rares sont les brasseries qui sont artisanales à ce point!"
Et si Roger Barbiot ne prépare, en moyenne, qu'un à deux brassins par mois, le brasseur est loin de se reposer sur ses lauriers. "lorsque le brassin a refroidi, je le transfère dans la cuve voisine pour sa fermentation avant de laisser décanter. Par la suite, je mets tout en bouteilles moi-même et je les laisse en salle de chauffe pendant une semaine avant de les laisser au repos pendant 1 mois!"
Aprés cette période nécessaire, La Barbiot a atteint cette maturité qui lui donne son goût spécifique et apprécié des amateurs de bonne bière. Mais attention aux abus: la "blonde" flirte avec les 8°, alors que "L'Ambrée" atteint les 9,5°. "On ne la boit pas comme une simple pils ! ", précise encore l'artisan en recommandant un verre ballon pour apprécier le divin breuvages. Des projets, Roger Barbiot en a plein la tête. Mais sans reconnaissance, il ne peut se lancer dans de multiples investissements (voir articles ci-dessous) nécessaires pour la création de nouveaux goûts. Pour l'étiquette de ses bouteilles, Roger Barbiot a opté pour une image de l'ascenseur funiculaire de Strépy-Thieu tout proche de sa brasserie.
En manque de reconnaissance.
Malgré la passion qui l'anime, Roger Barbiot, brasseur à Ville-sur-haine et créateur de sa propre entreprise, ne cache pas les difficultés quotidiennes qu'il rencontre et qu'il doit sans cesse gérer pour maintenir sa petite brasserie à flot.
"Les visiteurs que nous recevons dans notre microbrasserie viennent de Flandres, de France, des Antilles, parfois même de Finlande. Mais de la région,c'est bien rare! Trop rare."
Le brasseur le déplore amèrement. D'autant que sa petite entreprise brassicole pourrait bien s'inscrire dans un programme touristique invitant à découvrir l'entité, voire la région autrement à travers ses nombreuses brasseries.
"Nous sommes bien loin de faire de l'ombre à la brasserie Friart, mais notre façon de travailler à l'ancienne est intéressante à découvrir!", poursuit Roger Bariot." Je ne suis pas de ceux qui baissent les bras rapidement! Mais nous aimerions recevoir une reconnaissance: nous avons déjà organisé des portes ouvertes où nous avions invité le bourgmestre Albert Tesain. Hélas!, nous ne l'avons jamais vu. Peut-être que ça pourrait changer avec l'arrivée de Benoît Friart. En tout cas, j'espère pouvoir en discuter avec lui."
A contrecoeur, l'artisan évoque une ultime solution, à savoir son possible départ vers une entité où on voudrait de lui, de sa microbrasserie et de ses nombreux projets.